Comment la Formule E bouleverse l’automobile

Fin juillet, Red Racing Green a assisté à l’ePrix de Formule E de Londres aux côtés de l’écurie DS Techeetah. L’occasion de découvrir un sport qui fait figure de pionnier à de nombreux égards.

Le 3 mars 2011, Jean Todt, président de la Fédération internationale de l’automobile (la FIA), et Alejandro Agag, homme d’affaires espagnol, ont rendez-vous dans un restaurant parisien. Les deux hommes jettent alors les bases de ce que sera la Formule E, une compétition automobile qui recourt à des monoplaces 100 % électriques, organisée sur des circuits situés exclusivement en ville. Dans la foulée, la FIA lance une étude dans le but de créer un championnat à l’horizon 2014. Le pari est gagné puisque la première course a lieu à Pékin le 13 septembre 2014.

Depuis, bien des kilowatts ont été consommés et la Formule E s’apprête à boucler sa 8e saison. La prochaine s’annonce particulièrement palpitante avec l’arrivée de nouvelles écuries (McLaren et Maserati), d’une monoplace Gen3 plus performante, et l’entrée en piste de nouveaux pays hôtes, dont l’Inde et le Brésil. De quoi rendre ce sport toujours plus crédible, quitte à donner un sacré coup de vieux à la discipline reine, la Formule 1.

Résolument durable…

L’un des fondements de la Formule E est d’unifier le sport automobile et le développement durable. Deux mondes qui, jusqu’alors, semblaient inconciliables. Pour ce faire, les écuries recourent à des générateurs électriques alimentés avec du HVO, un biofuel fabriqué à partir d’huile de friture retraitée, afin de produire l’énergie nécessaire lors de chaque compétition. Un seul jeu de pneus, adapté à toutes les conditions météorologiques, est utilisé par course.

Tandis que les ePrix se disputent en majorité sur des circuits temporaires, au cœur des villes, ce qui évite de devoir entretenir des infrastructures souvent lourdes qui ne servent qu’une ou deux fois par an. En outre, l’organisation des courses dans les centres urbains a pour but d’inciter tout-un-chacun à utiliser les transports en commun, aucun espace de stationnement n’étant prévu à proximité des circuits. Enfin, la Formule E entend contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air et à réduire les émissions de gaz à effet de serre en soutenant la recherche, le développement et la promotion de l’électromobilité dans les métropoles. Elle est d’ailleurs le premier sport à avoir atteint la neutralité carbone, et ce dès 2020.

… et démocratique

Avec un plafond budgétaire fixé à 13 millions € par an, la Formule E est une compétition automobile abordable pour les constructeurs. En Formule 1, il faut multiplier ce montant par dix ! Pas étonnant dès lors que des “petits” constructeurs comme DS, Jaguar, Maserati ou encore Mahindra se lancent dans la danse, aux côtés de plus gros comme Porsche et Mercedes-Benz. Cet esprit démocratique vaut également pour le public qui prend part aux différentes épreuves urbaines. Là où un ticket de Formule 1 coûte en moyenne 250 €, les fans de Formule E ne doivent en débourser qu’une trentaine ! De quoi séduire un public plus jeune tout en contournant le côté élitiste de la F1.

Un sport qui fait des émules

Le message de durabilité prôné par la Formule E s’est aujourd’hui étendu à l’ensemble du sport automobile, incitant plusieurs séries à suivre l’exemple de l’électrification ou, à tout le moins, à opter pour l’hybridation, comme l’a fait la Formule 1. Le monde de la compétition automobile est de plus en plus conscient des dommages qu’il cause à l’environnement et, de nos jours, ses protagonistes sont plus que jamais désireux de faire partie de la solution plutôt que du problème, et c’est tant mieux. Par ailleurs, grâce à l’implication des sponsors et des nombreux partenaires, la Formule E ne se contente pas de changer les attitudes au sein du sport automobile. La portée de son message sur la durabilité et les systèmes de propulsion alternatifs transcende le secteur du sport et de l’automobile et trouve aujourd’hui son utilité dans bon nombre d’autres secteurs industriels.

Concourir pour innover

DS Automobiles a été l’un des premiers constructeurs à s’engager en Formule E avec DS Virgin Racing (aujourd’hui DS Techeetah). C’est sous l’impulsion d’Yves Bonnefont que la marque française prend dès 2015 le train de la compétition 100 % électrique. Un choix que la patronne actuelle de DS, Béatrice Foucher, qualifie de visionnaire : “Notre participation nous a permis de crédibiliser notre marque sur le plan technologique, ce qui est capital dans le segment premium. En outre, la Formule E nous permet de booster notre notoriété grâce à un storytelling qui est plus que jamais d’actualité. Le choix d’Yves Bonnefont s’est aussi révélé judicieux grâce à la double victoire de DS en tant que constructeur champion du monde. En effet, lorsqu’on participe et que l’on gagne, on apporte des preuves de sa compétence !”

Mais le département DS Performance n’est pas uniquement dédié à la compétition. En effet, son équipe conçoit également à Poissy les modèles haut de gamme de la marque, à l’image de la DS 7 Crossback E-Tense 4×4 300 et de la DS 9 E-Tense 4×4 360. Enfin, les compétences acquises en compétition, notamment en termes de régénération et de logiciels, sont démocratisées dans les modèles produits par DS. “Tout bénéfice pour celles et ceux qui choisissent de rouler en DS puisqu’ils profitent des toutes dernières technologies” assure Béatrice Foucher.

Par Pierre-Benoît Sepulchre

La DS 7 E-Tense 4×4 300 embarque bon nombre de technologies héritées de la Formule E.