Venice Simplon Orient-Express : once in a lifetime

De Paris à Venise, nous avons embarqué à bord de ce train mythique pour un voyage à travers le temps où le trajet compte bien plus que la destination.

Paris, gare de l’Est. Il est 16 heures en cette douce journée du 23 septembre. Les dix-huit voitures du Venice Simplon Orient Express attendent sagement le long du quai. Devant chacune des portes, un steward, uniforme bleu et gants blancs, accueille les passagers au pied du tapis rouge. C’est le début d’un voyage hors du commun, direction Venise en passant par la Suisse.

« Mon nom est Piedro »

« Bonjour, mon nom est Pietro. Je vais m’occuper de vous personnellement tout au long du trajet. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas. Je ne serai jamais loin. » Le ton est donné. Pietro sera notre assistant personnel jusqu’à Venise. C’est lui qui nous guide jusqu’à la cabine. « Vous avez de la chance, on vous a réservé une petite suite, composée de deux cabines communicantes » explique-t-il, le sourire aux lèvres. On ne fête pas tous les jours ses 50 ans… Du coup, nous avons droit à une partie séjour et une autre pour la nuit. Mais trêve de bavardage, la bouteille de Veuve Cliquot nous attend, bien au frais dans son seau en argent.

Tenue de soirée

Après une bonne heure d’attente, l’Orient-Express s’élance en douceur pour un périple de 24 heures et un peu plus de mille kilomètres. Véritable institution, ce train est exploité par l’entreprise britannique Belmond (anciennement Orient-Express Hotels Ltd.), propriété du groupe LVMH depuis fin 2018. Il est composé de 18 wagons (voitures-lits, voitures-restaurants, voitures-salons Pullmann) des années 1920, construites à l’origine pour la Compagnie Internationale des Wagons-Lits.

On frappe à la porte. C’est le maître d’hôtel. « Bonsoir Madame, bonsoir Monsieur. Je vous ai réservé une table au restaurant ‘Etoile du Nord’, nous vous y attendons à partir de 19h. » Il va falloir se changer, car ici, on ne badine pas avec le dress code. C’est smoking ou costume-cravate pour les messieurs, et robe de soirée pour les dames. Même en journée, les jeans et les baskets sont prohibés.

La tenue de soirée est de rigueur dans chacune des voitures-restaurants.

Plongeon dans le temps

L’Etoile du Nord se situe à plusieurs voitures de la nôtre. Le temps de découvrir que chaque wagon possède sa propre personnalité, et que tous sont dans un état d’entretien absolument incroyable. Bois précieux, velours, cuir, marqueterie, marbre, argent et cuivre se marient harmonieusement pour composer une ambiance à nulle autre pareil. Un plongeon de cent ans en arrière, sans la moindre fausse note. Entre chaque voiture, un petit poêle est alimenté au charbon pour produire l’eau chaude sanitaire et le chauffage des compartiments. Un peu plus loin, notre table est dressée. Nappe blanche, argenterie, verres en cristal. Menu trois service au programme, et boissons en sus car elles ne sont pas comprises dans le prix de départ.

Dans les bras de morphée

Après ce délicieux repas, il est temps de regagner notre compartiment. Pietro a profité de notre absence pour déployer la couchette du dessus et installer l’échelle. Pantoufles et robes de nuit sont disposées de part et d’autre. Pour plus de confort, chaque couchette est recouverte d’un épais matelas. Bercé par les ondulations lancinantes du train, je tombe dans les bras de morphée. Lorsque j’ouvre les yeux, plus rien ne bouge. L’Orient-Express s’est assoupi lui aussi, en gare de Strasbourg. Il ne repartira qu’au petit matin.

Prendre son temps

Quoi de plus magique que se réveiller blotti sous la couverture, d’ouvrir le store de la fenêtre, et de découvrir les somptueux paysages de montagne qui défilent devant mes yeux ébahis. Le spectacle est grandiose et Pietro, qui apporte le petit déjeuner, semble du même avis. Et puis, qu’il est doux de prendre son temps. L’éloge de la lenteur, comme je l’écrivais dans mon éditorial du numéro précédent de Red Racing Green. A ce rythme-là, forcément, il est vite l’heure de l’apéro ! Direction le bar, donc, où un pianiste caresse de ses notes les oreilles des convives. La plupart d’entre eux sont en couple. De tous les âges d’ailleurs, car contrairement aux idées reçues et malgré un ticket d’entrée franchement élevé, l’Orient-Express s’adresse autant aux jeunes mariés qu’aux retraités.

Comme la veille au soir, le repas du midi est un pur régal. Et que dire du sommelier qui offre à nos papilles l’occasion de voyager à leur tour. Tout cela devait naturellement se terminer par une sieste, avant d’approcher notre destination finale et de sauter dans un bateau pour un autre endroit magique : l’hôtel Danieli. Décidément, il fait bon avoir 50 ans…

Par Frédéric De Backer