
Interview Marc Poulain, Chief Designer Advance chez Alpine
Après avoir passé 11 ans chez Ferrari, le Français Marc Poulain a participé à la conception stylistique de l’impressionnant concept-car Alpenglow. Nous l’avons rencontré au Salon de Bruxelles.
L’Alpenglow ressemble à des prototypes qu’on a pu voir dans le célèbre jeu vidéo Gran Turismo. Est-ce le même processus de créer un concept-car pour jeu vidéo qu’un show-car ?
Non, car lorsqu’on dessine une voiture pour un jeu vidéo, en théorie, il n’y aura personne dans l’habitacle. Ce n’est donc pas contraignant. En revanche, pour créer un concept-car dans le monde réel, on y pense. On essaie de concevoir une voiture qui peut accueillir quelqu’un à bord. L’Alpenglow présente de nombreux aspects réalistes. D’ailleurs, dans un futur proche, vous retrouverez beaucoup de ces aspects sur une voiture de production.
Justement, venons-en à cette future voiture inspirée de l’Alpenglow. Sera-t-elle davantage orientée vers la compétition automobile avec notamment les 24 Heures du Mans en ligne de mire ou verrons-nous plutôt naître une supercar de route ?
Ce concept reprend l’ADN d’Alpine dans son ensemble. L’inspiration vient donc de la Formule 1 mais aussi de l’endurance avec les sports prototypes. Le futur prototype de course d’Alpine pour les 24 Heures du Mans aura très certainement des traits similaires à l’Alpenglow. Mais nous nous sommes principalement concentrés sur des proportions de dream car.
Des proportions de dream car, c’est-à-dire ?
On essaie de ne pas dépasser une hauteur de 1 mètre, une largeur de 2 mètres, avec un cockpit très avancé comme un avion de chasse. Tout designer rêve d’avoir ces proportions pour dessiner une voiture.



Au-delà de l’ADN Alpine, quelles ont été les inspirations concrètes pour créer l’Alpenglow ?
Des éléments visibles dans les Alpes comme les formes sinueuses, les reflets, la neige, etc. On peut observer que la cabine est en forme de goutte d’eau. Les artifices aérodynamiques transparents font penser aux paysages glacés. L’aéronautique nous inspire également beaucoup, tout comme les modèles Alpine historiques. Dans ce cas-ci, nous nous sommes principalement inspirés de l’A220 long tail qu’on a pu voir au Mans.
Nous avons imaginé l’Alpenglow comme une comète qui pénètre l’atmosphère, façonnée par la nature. D’un point de vue étymologique, Alpenglow signifie la première lueur du soleil sur la montagne. Bref, Alpenglow est la mère de toutes les Alpine du futur.

Plus précisément, quel était le cahier des charges ?
Imaginer le futur du sport automobile pour Alpine avec une motorisation à hydrogène. Ce package technique à hydrogène a été contraignant pour la dessiner. La forme suit la fonction.
Où trouvez-vous personnellement, l’inspiration ?
Je suis très curieux. En tant que designer, il faut l’être. Tout et n’importe quoi m’inspire mais j’aime beaucoup l’aéronautique et l’art en général.
Comment devient-on designer chez Alpine ?
La passion mène au rêve. Et dans mon cas, le rêve a mené au travail. En sortant de l’école de designer automobile, j’ai eu la chance de commencer chez Ferrari. J’y ai travaillé pendant 11 ans. Pour commencer, c’est vraiment le top car chez Ferrari, on doit tout donner. On ne se contente jamais de ce qu’on fait. Mais j’ai décidé de relever un nouveau défi en allant chez Alpine, marque de cœur de mon papa et qui, bien sûr, me passionne également. Faire partie de cette nouvelle aventure chez Alpine est vraiment génial. Je suis ravi.
En passant de chez Ferrari à Alpine, qu’est-ce qui a changé ?
Le rouge est devenu beaucoup plus bleu et je parle beaucoup moins avec les mains (rires). Mais plus sérieusement, les codes stylistiques chez Alpine sont les formes sinueuses et les lignes tendues.
Propos recueillis par Maxime Pasture




