Gentleman Car – Le rêve américain

Importateur officiel de Shelby American en Europe, Gentleman Car, c’est un petit bout d’Amérique… En Belgique !

« L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai », chantait Joe Dassin, et Philippe Médart pourrait bien en faire sa devise. Avec sa société Gentleman Car, il est l’importateur officiel pour l’Europe des voitures Shelby American (des continuations de Cobra, mais pas que…) et son antre situé en Belgique, à une dizaine de kilomètres de Liège, est une véritable caverne d’Ali Baba de la culture motorisée américaine.

Jeune mécanicien, Philippe Médart s’est lancé à son compte dans les années 90 en se spécialisant d’abord dans les 4×4 japonais (alors en plein boom), puis américains « Avec ma femme, les voitures américaines nous plaisaient et les États-Unis nous faisaient rêver », nous raconte-t-il. « Alors nous sommes partis outre-Atlantique pour mieux connaître ces autos : c’était une époque où il n’y avait pas Internet pour se renseigner… Nous avons acheté nos premiers pick-up d’occasion, des Ford F-150, des Dodge Ram, des Chevrolet Silverado, puis des voitures neuves, et notre entreprise a pris de l’ampleur. Dans le travail, j’ai toujours envie d’avoir mieux, alors en 1998 nous sommes repartis aux États-Unis, dans l’Indiana, chez AM General pour proposer de devenir importateur Hummer en Europe : d’abord le H1, puis le H2, les H3 et H3T… L’aventure a duré jusqu’en 2009, lorsque la crise a provoqué l’arrêt de nombreuses marques américaines, et je me suis retrouvé sans importations. »

« On a créé le marché »

Après une première expérience avec des voitures classiques, il tente alors de lancer en Europe les Cobra continuation produites par Shelby American. « Je me suis rapproché de Claude Dubois, qui distribuait les Cobra en Belgique. Ensemble, nous sommes allés voir Carroll Shelby et je lui ai expliqué mon projet. Mais ça ne prenait pas : celui-ci ne voyait pas de marché pour ses voitures en Europe. Alors, je lui ai acheté un modèle de chaque (une Street, une FIA et une 427) et je me suis lancé.

Les débuts étaient difficiles, car les gens ne comprenaient pas la voiture, que ce n’était ni une réplique ni une vraie ancienne. On a créé le marché en expliquant, en proposant d’essayer les autos pour faire comprendre qu’une Cobra continuation, ça se conduit comme une ancienne, que ce n’est pas aseptisé, que c’est une voiture qui n’a rien à envier aux originales, tout en proposant la fiabilité d’une voiture neuve. »

Un catalogue de rêve

Ces Cobra continuation sont nées dans l’esprit de Carroll Shelby au début des années 2000, un peu pour rappeler l’origine de la marque, un peu aussi pour contrôler un marché qui partait dans toutes les directions, avec des produits parfois bien éloignés de ce qu’était une « vraie » Cobra…

Le catalogue se compose des 298 Street (numéros de châssis en CSX8000) et FIA (CSX7000), 427 (CSX4000 et 6000) et Daytona (CSX9000), mais les appellations ne sont pas strictement fidèles à l’origine : à moins de chercher une voiture pour la compétition historique (qui doit être quasi-identique à celles d’époques), les « 289 » sont en réalité motorisées par le small-block 302 ci, une évolution du 289 ci toujours fabriqué aujourd’hui chez de nombreux fournisseurs américains. « En théorie, une foule de cylindrées sont disponibles sur cette base, explique Philippe, mais nous avons choisi de limiter l’offre au 302 ci (4,9 l) et à une version ‘strokée’ (à course longue) à 363 ci (5,9 l). »

Sur mesure

Et entre les Street et les FIA, c’est avant tout une question de look : les premières offrent l’apparence des voitures de route à ailes étroites et roues à rayons, alors que les secondes proposent les viriles extensions d’ailes et les jantes course qui vont avec. Mais sous la carrosserie, la base mécanique, comme les options, sont les mêmes. « Les voitures sont réalisées selon le désir du client, c’est vraiment de la haute couture », poursuit Philippe. « On peut opter pour des boîtes à 4, 5, voire 6 rapports sur les Daytona, et pourquoi pas une transmission automatique… Quant à la déco, tout est possible. Nous nous sommes rendu compte que les passionnés sont souvent intéressés par un pilote et sa voiture, et nous demandent de la cloner. Dans ce cas, Shelby reproduit à l’identique des voitures d’époque. »

« Je vends ce que j’aime »

D’ailleurs quel modèle a le plus de succès ? « Moi, je vends ce que j’aime », glisse Philippe Médart. « La Street, c’est joli, c’est chic, mais c’est une voiture de balades. Je conseille à mes clients qui ne sont pas forcément à la recherche d’élégance la 289 FIA plutôt que la 427. Souvent, les gens viennent pour une 427, parce que c’est la Cobra qu’on a le plus vue, celle qui a fait le plus rêver, mais nous leur expliquons que c’est une voiture de dragster, faite pour les lignes droites. Imaginez qu’on peut monter jusqu’à 9,8 l de cylindrée et 700 ch avec le big-block : ce n’est absolument pas exploitable ! »

Pas de décote

On les oriente vers les 289 FIA, qui sont 200 kg plus légères avec leur small-block. C’est ce qu’il y a de mieux pour les routes sinueuses en Europe, et pour ce que les clients veulent en faire, que ce soit des rallyes non sportifs ou des trackdays. Personnellement, c’est la voiture que j’utilise depuis presque depuis le début, parce que j’ai réalisé que c’est la plus polyvalente et la plus amusante à conduire. » Les tarifs de ces voitures fluctuent avec le cours du dollar, et Philippe nous indique des prix allant de 230.000 à 280.000 € hors taxes pour la gamme continuation avec coque en résine, et environ 75.000 € H.T. de plus pour une coque en aluminium (et entre nous, bien malin celui qui verra la différence).

« Les prix ont augmenté avec la chute de l’euro, mais il faut garder en tête que ce sont des voitures qui ne perdent pas de valeur. Les délais de production d’un exemplaire neuf sont d’environ deux ans, et les modèles d’occasion sont vendus quasiment au même prix. »

Occasions aussi

Gentleman Car commercialise également les CS GT40, reproductions fidèles des GT40 Mk.I et Mk.II assemblées sous licence par Safir Spares LLC, et qui sont également proposées en option dans des versions de compétition pouvant recevoir le tant convoité PTH. Là encore, la qualité de fabrication et la fidélité sont au rendez-vous : 90 % des pièces de ces recréations sont interchangeables avec celles des châssis d’origine.

« En plus de la vente de ces voitures neuves », poursuit Philippe, « nous proposons depuis quelques années des Shelby Mustang d’époque (GT350, GT350R, GT500…). Nous vendons soit des modèles en l’état (fiabilisés mécaniquement, mais sans travaux de carrosserie), soit des voitures entièrement restaurées. Nous cherchons toujours les meilleures voitures possibles, avec boîte mécanique, les bonnes options d’époque et un historique limpide. Et depuis trois ans, nous travaillons également sur les Cobra d’époque. »

L’incroyable local de Gentleman Car, avec ses airs de diner américain, rempli d’artefacts de l’âge d’or de la culture populaire américaine est sans aucun doute la meilleure carte de visite de l’entreprise : aucun doute sur la passion du maître de lieux. L’Amérique, l’Amérique, Philippe Médart l’a voulue et il l’a eue… À votre tour maintenant !

Par Yan-Alexandre Damasiewicz – Photos Denis Meunier