Suber Factory : “transmettre de l’émotion”
Frédéric Suber a mis sa passion pour les voitures anciennes au service de son art : la confection de modèles réduits au réalisme bluffant.
En pénétrant dans les ateliers de Suber Factory, à Rhode-Saint-Genèse, on se croirait dans une maison d’artistes : plusieurs pièces s’alignent en enfilade, remplies d’outils et de maquettes en tout genre, chacune avec sa fonction propre, atelier, peinture, showroom. Pourtant, c’est tout seul, à la sueur de son front et guidé par son cœur que Frédéric Suber modélise depuis des années des miniatures de voitures de légende (Ferrari, Porsche, Bugatti) avec un niveau de détail et de qualité à la hauteur de ce qui fit le succès de ces modèles historiques. Avec patience et minutie, il reproduit fidèlement les lignes, les pièces mécaniques et toutes les spécificités de voitures mythiques, au rythme de ses outils et de ses pinceaux, mais toujours à la seule aide de ses mains.
Depuis l’enfance
Ce travail de fourmi – il en écoule chaque année une production très restreinte – est avant tout animé par la passion du modélisme qu’il entretient depuis l’enfance : son père lui offre très jeune son premier jeu de briques en bois qui, comme une évidence, fait naître une vocation qui dès lors ne le quittera plus. Si, depuis ce jour, l’aspect de ses créations a bien changé, il n’en a pas oublié pour autant ce cadeau paternel lointain, et a transmis à son tour son hobby à son fils Sébastien, qui travaille à ses côtés.
Pour puiser l’inspiration de ses futures œuvres, il choisit des modèles ayant un passé, une âme, une histoire particulière à raconter. Amateur de belles voitures de courses, c’est naturellement vers elles que son cœur penche en premier, sportives d’avant ou d’après-guerre ayant laissé leur empreinte sur route ou sur circuit. Pas question de travailler à la commande donc, et encore moins pour des modèles trop récents (sortis après les années 80), dont le dessin et la confection des pièces – son dada – l’intéressent moins. « J’essaie avant tout de transmettre de l’émotion », nous confie-t-il à ce sujet. Ses créations du moment sont ainsi des séries spéciales dédiées aux victoires de Jacky Ickx, comme ces répliques de Ferrari 312B (victoire au Grand-Prix du Canada en 1970) et de Porsche 936 (Le Mans, 1977), limitées à 12 exemplaires chacune et signées de la main du pilote lui-même.
Une clientèle prestigieuse
Ce nombre très restreint de modèles est à l’image de sa clientèle souvent très exclusive composée notamment de personnalités connues, à l’instar de Martin Bouygues, Bernard Arnaud (LVMH), Robson Walton (Walmart), Karl-Friedrich Scheufele (Chopard) ou encore le chanteur Bono, tous séduits par ces œuvres pleines de complexité et de réalisme.
Pour arriver à un tel rendu, Frédéric s’appuie sur des plans et des images des modèles originaux afin de dessiner, concevoir et enfin peindre ses créations avec la plus grande précision possible. Il fait notamment appel à la technique des pigments pour pouvoir utiliser les couleurs à leur plein potentiel et créer une multitudes de teintes.
En famille
S’il a réalisé pendant 20 ans des répliques au format 1/43, ses créations actuelles sont désormais davantage en 1/12 voire 1/8 : encore plus de plaisir pour nos yeux mais plus de travail pour l’artiste ! Car Frédéric nous l’avoue, il travaille 6 jours sur 7 et dort peu, toujours là pour passer du temps dans son atelier à soigner ses maquettes, dont les commandes ne cessent d’affluer.
Avec son fils Sébastien qui l’accompagne à présent au quotidien – il a quitté le milieu automobile dans lequel il travaillait pour se consacrer pleinement au modélisme – , ils sont désormais deux à faire tourner l’atelier. Frédéric réalise ainsi la maquette originelle qui sert de base, puis chacun reproduit la sienne, côte-à-côte à l’établi, et toujours sous l’œil bienveillant de leur petite chienne Bella qui suit avec curiosité les faits et gestes de ses maîtres.
Suber Factory, c’est une histoire de passion, mais avant tout une belle histoire de famille.
Par Quentin Pannaud
